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Extraits du Chapitre 35 « Moi, le cheval » du roman d'Orhan Pamuk, "Mon nom est Rouge" (1998/2001).
« Ne vous fiez pas à mon aspect calme et tranquille en ce moment. En vérité, je caracole depuis des siècles, sans broncher. Parcourant les plaines, fonçant dans la mêlée, ravissant pour leurs épousailles de jeunes princesses éplorées, de l’anecdote à la grande Histoire, et de l’Histoire à la légende, de livre en livre, page à page, je ne cesse de galoper. J’ai ma place dans les récits, dans les contes de tous les livres, dans chacune des algarades des preux invisibles, à chaque aventure, chaque légende des grands amoureux transis, telle une armée surgie depuis le fond des rêves : volant de victoire en victoire, pour la gloire des généraux, c’est toujours Moi qu’on peint, toujours Moi que l’on représente. »
« On fait venir alors à la cour un magnifique cheval pie, mais le nouveau roi, à la vue des naseaux gros comme des cheminées, de la robe décatie par rapport aux peintures, du croupion rebondi, malodorant et malsonnant, donne l’ordre, pour son dépit, d’exterminer tous les chevaux. À la fin des quarante jours que dura cet odieux carnage, tous les fleuves du royaume débordaient de tristesse et de sang innocent. La justice de dieu voulut alors que le jeune roi, privé de toute sa cavalerie, s’aventure au-devant de l’armée turcomane, et qu’il se fit tailler en pièces par le Seigneur des Moutons Noirs. Vous pouvez, dans les livres, vous en assurer : la race chevaline sait faire payer le prix du sang. »
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